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mercredi 24 juillet 2024

Mephisto Valse/Plus qu'un exercice de style "pour rire" : le 21ème siècle en alexandrins

 Méphisto

Vu au théâtre de l'étincelle



La délicieuse surprise où l'histoire du talent des voisins....

Je ne vous mentirai pas : les vers, je les aime grillés, avalés, mis en veilleuse à quelques exceptions près : quand ils se moquent et ne me regardent pas de haut ! Quand ils sont légers, si légers qu'on oublie qu'ils sont des vers !

Oui, quand ils se rapprochent de l'écriture à contrainte. Il en va pour moi des alexandrins comme de la lettre e, de l'OULIPO, des calligrammes. 

En ce sens, à mes oreilles les alexandrins se prêtent bien à la comédie et la plupart des exercices de style percussifs aussi.

Qu'on les utilise pour écrire une farce dite contemporaine, c'est à dire sans costumes et sans références littéraires poussives avait de quoi m'intéresser.

La farce en soi est un exercice que je tiens pour terriblement difficile et je me suis retrouvée à l'Etincelle avec mon billet pour les alexandrins seulement, ne m'attendant pas à ce que cette compagnie pousse la gourmandise jusqu'à respecter la forme même de la farce. La troisième surprise fut pour moi d'apprendre que la compagnie est sise à Morières, autant dire que ce sont des voisins. Je n'ai jamais douté que des talents fourmillent dans la garigues malgré le fort soleil censé nous gâcher les neurones et nous réduire à de grosses langastes alcoolisées fières de leurs barbecue, il y a toujours eu des esprit fins et espiègles sur cette terre où la mare nostrum étend sa main griffue. Mais souvent ils se cachent.

Or voilà que je découvre un nid de dinguerie inspiré par la Mephisto Waltz de Lizt, un ouvrage ma foi fort bien tourné, interprété, dirigé ! 

Tout commence avec cet écrivain qui veut écrire une pièce contemporaine, mais en alexandrin. Mariés à sa metteuse en scène, les voilà discutant sur l'éternel canapée cher aux comédies de genre.....Voilà qu'un type fort curieusement habillé, mi toro mi torero clinquant apparaît dans leur dos.... Eméché , le couple pense tout de suite à une farce et se paie sa tête....Concours de vannes ....en alexandrins, s'il vous plaît !

Voilà lancé l'improbable objet théâtral qui va vous mené par le bout de l'oreille. Peut-être aurrez vous remarqué que sur la droite de la scène, il y a un lit. Elément importantissime où bien des tours de magie noire vont se jouer.

Je regrette d'avoir vu cette  excentricité merveilleuse en fin de festival seulement car j'aurais su y pousser mon entourage et même davantage. 

Donc sachez-le, avec un peu d'humour et sans aucun complexe, l'alexandrin coule dans les oreilles comme le bon champagne dans mon gosier de bon vivant et la compagnie se charge de vous faire valser d'un acte à l'autre avec une irrévérence élégante.

Tout de même, il fallait oser !

Il y a une véritable histoire, un enchevêtrement d'imbroglios que le talent de l'auteur rend probables puisqu'il nous a emmené sans effort sur la barque de la suspension de crédibilité. C'est un plaisir coupable que de se régaler d'une farce inutilement rédigée dans le labeur précieux de l'alexandrin et cela ajoute à la fête. Car tout ceci n'est qu'une ode au plaisir pur.

De quiproquos en gymnastique anachronique et autres contrepèteries de bon aloi, emmené par ces dialogues d'une fluidité qui laisse aux acteurs toute la latitude de jouer comme des petits fous, on termine chaque acte sur un improbable twist qui nous asseoiffe, nous qui courons pourtant d'un mauvais siège à l'autre entre deux pac à l'eau ou deux embrassades gluantes.

Et pourtant....Je l'avoue, la simple idée d'associer systématiquement Méphisto ou le mal à une harmonie de rouge et de noir me donne de l'urticaire et c'est dans la part "costume" que j'aurais pu lâcher la rampe malgré l'humour et le 3ème degré de la mesure. Mais j'étais ferrée et je me suis laissée faire, par les inconscients dindons de la farce autant que par Mephisto lui-même et sa supérieure, Death, qui s'inquiète du goût soudain que son employé se découvre pour les humains. Par le truchement du métamorphe voilà que l'enfer s'attache à notre pauvre espèce après avoir goûté le meilleur de la condition humaine.

Je ne vais pas m'avancer plus. Cette pièce a de beaux jours devant elle et serait un bel exercice, en plus, pour de jeunes comédiens.

Souhaitons à cette compagnie talentueuse et trop modeste le succès qu'elle mérite.

Adeline AVRIL


 Description :

Arthaly Cie est une compagnie théâtrale vauclusienne professionnelle située à Morières-lès-Avignon, fondée en 2014.
Surprendre, émouvoir, interroger, imaginer…
Ses travaux ont été orientés jusqu’à présent vers des textes contemporains.
Quatre créations ont vu le jour depuis l'origine dont les trois premières mises en scène par François Brett :
A Montmartre cette année-là, comédie musicale pour onze comédiens, texte et livret écrits par François Brett sur des musiques originales d'Eric Breton ;
Jeux de scène, pièce de Victor Haïm pour deux comédiennes (Molière de l’auteur en 2003) ;
Lettre à Monsieur le futur président de la République-conte de Noël, de Gérard Gélas, théâtre citoyen : texte est interprété par Franck Etenna ;

Méphisto valse, comédie baroque contemporaine en alexandrins de François Brett (deux comédiennes et deux comédiens), mise en scène par Geneviève Brett.

Monstres / Qui est le monstre ? Une déflagration nécessaire !

 Monstres/Dans le chaos du monde et l'incapacité à nous comprendre les uns les autres, qui est le monstre ?

Vu à La Salle Tomasi, La Factory




Une déflagration nécessaire 

Quatre  amis qu'on devine proches, dans la vingtaine, fêtent la fin de leurs études en art dramatique. L'un, Noé, semble opter pour la mise en scène. Ils sont tous passionnés, obsédés même par l'avenir qui  les attend. Ils veulent désormais travailler ensemble. Noé, s'autodésignant leader d'un projet, s'enflamme et rêve sa distribution idéale. Il veut écrire sur simone scwartz-Bart   et son époux, mettre en scène le travail de Simone, même. A priori, ils sont tous partant pour le projet. Cependant, l'obsession de Noé qui veut réaliser sa vision, commence peu à peu à heurter certains membres de l'équipe. A l'Euphorie de la fête, succède le questionnement qu'ils avaient jusqu'ici sans doute ignoré, inconsciemment ou à dessein de maintenir une unité d'opinions et de ressentis présumés gages d'une amitié totale et absolue telle qu'on la vit à 20 ans.

Voilà le moment de faire un détour en résumant la vie et l'oeuvre de Simone Schartz-Bart, née Simone Brumant. Intellectuelle caribéenne née en Guadeloupe, elle fait très jeune une rencontre amoureuse décisive pour son parcours d'écrivaine : elle tombe amoureuse et épouse André Swartz-Bart, juif blanc installé en Guadeloupe ayant été traumatisé et touché dans sa chair par la déportation. Leur premier opus est une oeuvre à quatre mains : Un plat de porc aux bananes vertes. Les deux continueront de travailler ensemble autant que séparément. Simone, notamment, écrira une pièce de théatre titrée Mon Beau Capitaine, dont on peut penser qu'elle est l'oeuvre que Noé désire mettre en scène avec ses amis Amédé et Angèle dans les rôles principaux, alors que sa troisième amie, la turbulante et bouillonnnante Sara se verra attribuer le rôle de l'oiseau conteur.

La distribution semble satisfaire tout le monde. Angèle, française des antilles, tient le rôle titre et Noé ne comprend pas son manque d'enthousiasme. Amédé fait au mieux, essayant de ne froisser personne et la dernière - Sara - se satisfait de ce rôle étrange que Noé lui donne. Au court des répétitions, la question de l'appropriation culturelle va s'imposer, infectieuse, et l'on constatera qu'à partir de quatre désirs de justice, quatre visions de la justesse d'une mise en scène d'une texte écrit par Simone Schartz-Bart, femme noire, par un jeune homme blanc, fait exploser le consensus de surface qui semble lier la troupe, son amitié, sa vision politique de l'art. Le soubassement des dissensions est subtil, individuel et peu dogmatique. Ce choix nous permet de comprendre la subtilité des ressentis que l'on peut balayer un peu vite derrière une notion ou un concept tel que celui d'appropriation culturelle. Ce qui est particulièrement intéressant dans la pièce Monstres c'est que les revendications de chacun arrivent sous la forme d'éclats sentimentaux liés au passé récent des uns et des autres, pas seulement au passé colonial. Ainsi, aucun des personnage ne livre un discours pré-construit, au contraire, chacun se dévoile dans ses étonnements. Angèle questionne son père car elle ne comprend pas pourquoi, dans sa famille, personne ne parlait créole. Amédée n'est pas insensible à la cause noire mais il est surtout torturé par le fait que sa mère, haïtienne, n'ait pas voulu le rencontrer après l'avoir abandonné. Les blessures et les recherches de réponses se confondent parfois, se mélangent si bien que chaque protagoniste a une voix propre qui n'est pas fermée à l'autre et l'isole pourtant dans sa propre pensée, ses propres réflexions et ses blessures. Ainsi Sara n'en parle guère mais elle se sent prise en étau entre la mémoire de sa bubele qui voudrait qu'elle continue de perpétuer le yiddish et son désir d'être mille autres, elle mais pas seulement, c'est justement pour cela qu' elle a voulu devenir commédienne: elle veut jouer jouer, jouer et pas que des rôle de juive, non mais ! Angèle comprend aussi ce point de vue, ce qui la gène c'est qu'elle voudrait peser dans le renversement des forces en présence et la dissolution de la domination culturelle. Elle voudrait être celle qui mettra en scène les mots de Simone Swartz-Bart. Et Noé dans tout ça ? Noé ne sait plus tellement s'il a une valeur intrinsèque, s'il vit par procuration les questionnements ethniques et féministes de Simone où s'il est "quelqu'un, quelque chose", ni homo ni hétéro, à demi breton à demi alsacien. N'a-t-il aucune souffrance historique a revendiquer ? N'est-il rien ni personne, éternellement condamné à ne créer qu'à partir de sa propre matière "autorisée" ?

Bien évidemment rien n'est aussi simpliste dans ce choral d'identités encore meubles et déjà profondément pensantes. Jamais cette complexité n'est gommée au profit d'un motif plus harmonieux, se prétant mieux au théâtre. Les conflits sont internes autant qu'externes et le jeu explosif des comédiens qui habitent leurs personnages de façon remarquable ne se paie pas d'effets faciles. On les voit nus dans leurs bontés comme dans leurs égoïsmes et surtout on pressent déjà tout le poids de leur carrière d'artistes à venir.

Car après tout il s'agit bien de cela, créer. A partir de quoi et comment, qu'elles sont les règles....Y-a-t-il des règles ?

Ce qui m'a particulièrement plu dans le projet de Elisa Sitbon-Kendall c'est l'ouverture du propos et sa façon extrêmement immersive de nous faire participer à la conversation de ces 4 amis. Muets nous sommes, bien sûr, c'est un peu le métier du spectateur, néanmoins nous sommes inclus dans le débat, qu'il s'agisse des tentatives d'apaisement ou des montées hostiles. Le sujet, traité à hauteur d'humain, est à notre portée. La présence de Noé, notamment au début, dans le public, est une invitation à ne pas rester en retrait, selon moi. D'ailleurs nous étions arrivés dans la salle alors que tous les quatre étaient déjà en train de vivre et de féter ce qui aurait du n'être qu'une étape heureuse vers la vie d'adulte mais sera peut-être la fin d'une certaine idée de l'innocence.

De plus la mise en intrigue des destinées croisés n'a pas été inutilement complexifiée afin de coller à une nécessité éthique propre aux sciences humaines qui n'aurait pas eu sa place sur scène. Ainsi, on pourra postuler que les 4 amis, certes ne sont pas tous issus de minorités mais ils sont tous, d'une certaine manière, privilégiés, puisqu'ils ont pu faire une école de théâtre et que désormais, leur projet de vie va tourner sinon autour d'un rêve du moins d'un choix de vie : la création sera leur métier. Ajouter des problématiques certes réalistes mais complexes aurait pu alourdir le propos, le diluer. Ici ce n'est pas le cas. La dimension intime de l'appropriation culturelle, sa définition même restent au centre du sujet, avec ses corollaires directes : quid de l'identité hors du passé et de l'outrage fait aux ancêtres ? Quid du partage des ressources artistiques ? Suis-je mon obsession ou mon obsession est-elle moi ? Les bonnes intentions font-elles une bonne justice ? L'art est-il au dessus...de quoi...de tout ?

Enfin, la variété émotionnelle de l'incarnation d'une jeunesse "éveillée" m'a parue extrêment riche. Ces acteurs dégageant une énergie concentrée mais très différente qui ne correspond pas forcément aux clichés habituellement représentés sert magnifiquement le propos de la pièce.

Je concluerai en essayant de ne pas dévoiler ni le climax ni la fin ouverte, et en rappelant que les tourments de certains protagonistes, dont Noé lui-même, ne sont pas très éloignés des questionnements d' André Scwartz-Bart, qui, lui même, n'était pas considéré comme étant légitime pour évoquer la condition de la femme noire...

Voilà un très bel opus, une tragédie initiatique contemporaine qui dépeint l'enfance de l'art et met en avant des intellectuels qui ne sont entrés à la bibliothèque de France qu'en 1985 et méritent peut-être qu'on leur accorde un certain intérêt. Le parcours de Simone Schartz-bart, plus long, méritait bien de sortir de l'ornière de l'université et d'être mis en lumière.

Si la pièce est programmée près de chez vous, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Quant à moi, j'attends avec impatience la parution du texte, assez subtil pour souffrir une lecture à postériori. Et j'avoue que je me suis attachée à ces personnages au points que j'aimerais bien suivre leurs aventures dans le théâtre du 21ème siècle. Que deviendront-ils, Angèle, Amédée, Sara et Noé ?

Une déflagration théâtrale nécessaire, un récit initiatique qui émeut et bouscule !

Adeline AVRIL

Le son des planches/théâtrogène

Autrice : 

Elisa Sitbon Kendall

Comédien·nes : Bonnie Charlès, Jacques-Joël Delgado, Olenka Ilunga, Kerwan Normant

Régisseur·se : Elise Lebargy

Attaché·e presse : Lynda Mihoub

Chargé·e de diffusion : Yves Ostro, Edith Renard

Metteur·se en scène :  Elisa Sitbon Kendall, Gaïl-Ann Willig



samedi 6 juillet 2024

Madame Bovary en plus court et plus drôle

 Madame Bovary en plus court et plus drôle





Qui aime bien châtie bien !

J'ai eu la chance d'interviewer Camille et Marion, les heureuses mamans de ce petit joyau d'irrévérence et d'amour pour la littérature ! J'ai ainsi découvert deux passionnées avides de partager à travers l'humour et l'anachronisme élevé au rang des beaux arts, ce classique de la littérature qui a traumatisé tant de lycéens et de lycéennes. Elles en font d'ailleurs partie !

Mais voilà, quand on relit ce chef d'oeuvre, plus tard, notamment à l'aune de la condition des femmes, on y trouve des trésors, surtout lorsqu'on est capable de s'en moquer !

Ainsi, Camille et Marion, comédiennes extraordinaires d'expressivité, de drôlerie et d'inventivité, se sont attelées à écrire cette pièce qui est un cadeau pour tous, au final : les flaubertiens, les anti-flaubertiens, les lecteurs, les non lecteurs, les bovaristes, les filles, les garçons et les autres ! Même ceux qui "ont préféré le film". Et il faut bien avouer qu'après avoir ri à s'en faire mal au ventre, on est ainsi récompensé.e.s de notre impudence par le fait d'en sortir moins con que lorsqu'on est rentré.e.s !

Car en plus de la vision propre au pastiche quand il est bien fait comme c'est le cas ici, on bénéficie de la singularité de ce regard croisé des deux comédiennes dont on devine que leurs synapses fonctionnent à vitesse grand V. Leurs jeux et leurs personnalités se complètent de façon incroyable et quand l'une représente Emma, l'autre le mari ou l'amant, on dirait de l'improvisation !

Pourtant c'est une pièce écrite et très bien écrite, documentée, d'où mon admiration sans borne.

C'est une pièce à savourer en groupe ou en solitaire, en famille aussi, en tous cas je la recommande dès l'âge du collège et du lycée !

A vos risques et périls toutefois : l'exemplaire poussiéreux de Madame Bovary que vous aviez oublié dans un coin de votre bibliothèque pourrait bien devenir soudain follement sexy et attirant pour plusieurs membres de votre famille !

Adeline Avril

Au théâtre des Célestins

Dates : du 3 au 21 juillet pas de relâche
Horaires : 11h30
Durée : 1h15
Lieu : Théâtre des Corps Saints
Genre : Classique révision duo humour
Distribution : de et avec Camille Broquet et Marion Pouvreau mes Decesari

mardi 2 juillet 2024

1984 : une expérience inédite sinon interdite

1984 en 2024



Vu au théâtre de l'Oulle (La Factory)


Le Collectif 8 a une spécialité dont je m'étonne qu'elle ne soit pas plus répandue : c'est une compagnie qui mêle numérique et théâtre. On ne s'étonnera pas qu'une compagnie ainsi à l'avangarde se soucie de trouver des pièces à la hauteur du défi qu'elle s'impose. Ainsi, 1984, dystopie avant l'heure, critique d'un temps que nous n'avons pas connu, est un spectacle qui s'attache à la fois à mettre en valeur un chef d'oeuvre de la littérature, à l'adapter au format théâtre, mais aussi, par le biais des ingéniéries artistico-digitales, de mettre en avant tout ce qui ressort de problématiques actuelles.

La forme sert le fond qui sert la forme qui sert le fond et ainsi de suite.

Deux regards sont prégnants et s'enroulent, spiralant la narration en volume : l'un s'attache à la dénonciation des mécanismes du totalitarisme en jouant de l'horreur jusqu'à l'absurde, à travers la peinture d'un monde qui décide ce qui est vérité et ce qui ne l'est pas, mais aussi à travers la mise en place d'une machination qui prétend détecter les "rebelles", l'autre nous amène à constater les effets dudit totalitarisme sur les individus, à travers l'histoire d'amour qui unit les deux protagonistes. Gaële Boghossian a travaillé à l'adaptation de l'oeuvre en choisissant des parties du texte qui amènent à saisir l'ensemble de 1984 -le livre- sans le développer jusque dans les détails sans toutefois dénaturer l'original. Elle a recréé une dramaturgie en tissant l'intime et l'universel sans trahir la trame initiale. Alors que d'autres compagnies ont choisi de multiplier les personnages, elle concentre toute l'intrigue sur 3 individus sans trahir l'essence du roman ni de la réflexion qu'il propose. Elle en extrait en quelque sorte la substantifique moelle.

Son comparse, Paulo Correia à la fois acteur et spécialiste du digital a lui, créé techniquement l'univers passé au tamis de la vision de la metteuse en scène.

Ainsi, à aucun moment un acteur n'est remplacé par une vidéo ou un hologramme, sur la scène, cela reste du théâtre au sens d'art vivant. Les dispositifs scéniques sont plutôt là pour approfondir le champ et nous permettre d'accéder aux avantages d'une réalité vicariante sans nous déposséder de la chair, de la peau, de l'os. 

Ce sont donc trois comédiens qui interprètent les 3 personnages. Ils sont captifs d'une sorte d'installation technique dont les ressorts sont imperceptibles mais les effets spectaculaires, puisque nous les voyons évoluer dans une sorte de lieu où ni le temps ni l'espace ne semblent être des axes pertinents pour suivre l'intrigue.

Entourés de colonnes de données à la façon de Matrix et de toute représentation de ce qui peut s'apparenter à un "Big Brother" contemporain, ils errent dans un monde qui s'acharne à leur faire perdre tout repère. Un monde de doute anxyogène et d'insécurité qui les empêche de stratégiser leur envol....

Et ils nous entrainent dans leur vertige.

Ce sont eux qui ont toute notre attention. Car c'est bien à eux, du moins l'homme et la femme manipulés par l'homme qui les surplombe, que nous nous identifions dans ce monde ou d'une seconde à l'autre, le bureau de la vérité doit réviser le récit sociétal. Tel jour on est en guerre contre l'est, tel jour contre l'ouest, et le nombre de doigts montrés sur une main dépend de critères variables qu'aucun personnage ne peut jamais maitriser. 

L'amour, l'attirance, la sexualité, l'enfantement ont-ils une place dans un tel monde ?

Des questions que certains se posent encore aujourd'hui. 

C'est bien évidemment un univers inquiétant, une pièce qui traite son sujet frontalement. Si l'esthétique, jouant sur le contraste violant du bleu et du rouge, est soignée et n'est pas sans créer de beaux moments de poésie pure -lorsqu'il s'agit d'évoquer l'amour à contresens de l'autorité-, derrière une pluie de coquelicots, ce sont les vidéos de destruction guerrière qui triomphent dans notre esprit inquiet. Ce n'est pas une histoire qui finit bien, ce n'est pas sa vocation.

Saluons ce travail complexe et collectif qui nous permet d'aborder le chef d'oeuvre de dystopie que fut en son temps 1984, sa dimension à la fois romanesque, philosophique et politique, d'une façon tout à fait singulière et inédite, avec les outils de notre temps. Certes il nous faut déplacer le curseur historique et faire notre le questionnement qui n'est plus seulement celui d'Orwell mais celui, durable, d'un humanité qui n'atteint jamais l'homéostasie ni la paix entière et durable et se voit toujours menacée par une forme de totalitarisme qui change de visage et de nom au point de devenir parfois méconnaissable, voire invisible à l'oeil nu. L'art est alors cette loupe qui remet à notre porté les signes faibles, les changements qui adviennent.

C'est une expérience inédite que la qualité de la scénographie, de la lumière, du jeu des comédiens, nous permet d'aborder sans trahir les exigences d'un public affamé à la fois de fond et de forme, d'art vivant et d'innovation disruptive.

C'est un spectacle ambitieux mais accessible. N'hésitez pas à amener vos adolescents avec vous, même s'ils n'ont pas encore lu le livre. Ce regard pluridisplinaire pourrait bien les convaincre qu'un livre c'est beaucoup plus qu'un livre, et qu'une scène de théâtre est une dimension qu'on peut dilater à l'infini.

Un conseil, mettez vous dans le fond, pour profiter au mieux de l'expérience. De plus sachez que ce spectacle comprend des effets stroboscopiques et lumineux , mais aussi  des fréquences et des variations de volume sonore importants.


Au théâtre de l'Oulle. 

17h10 Relâche les mardis

Genre :Théâtre numérique

Adaptation , Mise en scène et Costumes : Gaële Boghossian

Création vidéo : Paulo Correia

Avec : Paulo Correia, Damien Rémy et Judith Rutkowski

Musique : Benoit Berrou

Lumières : Tiphaine Bureau

Scénographie : Collectif 8

Crédits photo : collectif 8

Collectif 8

site du collectif 8

Billeterie de la Factory/ théâtre de l'Oulle

billeterie théâtre

Programme du festival Off , la page de 1984

lien programme off





   


mardi 25 juin 2024

Electre au 21ème siècle

 ATTENTION REPRISE DU COUP DE COEUR OFF 2023


HEUREUX LES ORPHELINS







Que vous soyez férus de mythologie ou bien de théâtre, ou bien que votre scolarité vous ait laissé “de beaux restes”, il est possible que l’histoire d’Electre et de son frère Oreste éveillent quelques souvenirs en vous.

C’est bien à ces deux là que nous avons affaire dans cette pièce, librement adaptée de Giraudoux, qui avait lui même déjà librement adapté le mythe originel. 


Mais il est inutile de réviser avant de venir voir le spectacle, qui vaut par lui même et vous tient en haleine d’un bout à l’autre!


Ainsi, au Royaume d’Argos, transformé en haut lieu de la gastronomie dont le chef et roi s’est donné la mort, nous retrouvons Clytemnestre et ses enfants , à savoir Electre l’affamée de justice et de vengeance et Oreste, son frère qui tente de continuer sa vie dans la politique, grâce aux petits arrangements du language dont il est devenu un expert auprès d’un ministre qui vous rappellera bien des hommes politiques de notre temps. Il est aussi torturé qu’Hamlet et sommé par Electre de venger son père.


L’adaptation proposée par Sébastien Bizeau est d’autant plus intéressante, que ce ne sont pas des détails qui sont actualisés mais les armes mêmes du combat. Quant à la forme, quoi de mieux pour une histoire de vengeance qu’un thriller philosophique? Pour autant, le texte de Giraudoux est adapté mais extrêmement respectueusement transmis, parfois à la lettre près.


Pourquoi la jeune Electre hait sa mère à ce point? Pourquoi ceci est-il une histoire de vengeance, alors qu’il n’y a pas d'ambiguïté sur les raisons du décès du père adoré (Agamemnon pour les intimes….)? S’il n’y a pas d’épée tranchante, comment la vengeance aura-t-elle lieu?

Comme souvent dans les meilleures enquêtes, on s'aperçoit après coup que tous les éléments se sont mis en place dès le début…Alors ouvrez l'œil et ouvrez les oreilles!


Les personnages , gravés dans l’inconscient collectif du théâtre pourraient sembler difficilement compatibles avec notre ère connectée, où les comptes se règlent sur twitter par shitstorm interposée… C’est toute l’intelligence du texte, de sa mise en scène et de son interprétation: les petits arrangements avec les morts et avec les vérités , les histoires familiales révisées, la tromperie, la jalousie, …..Franchement, peut-on dire des passions tristes et de la course au pouvoir que notre soi-disant progrès les a atténués?

L’auteur nous rappelle avec art que les mots sont si puissants qu’ils peuvent à la fois enfanter et tuer. Il y a de purs morceaux d’anthologie dans cette pièce, quand s’entremêle le jargon managérial et la communication politique. On en rit surtout parce que c’est “tellement vrai”, proche de nous, et tellement bien interprété, et pourtant, on pourrait à l’instar d’Electre, le dénoncer quitte à créer le chaos.


Chaque personnage porte sa vérité recomposée, son langage, selon son positionnement sur l’échiquier. Pas un noir, pas un temps mort, et des trouvailles scéniques qui vous arrachent tantôt des larmes tantôt un rire inattendu (voir notamment les personnages du cousin Pilade et ses avatars, en cœur antique un peu particulier, ou celui du ministre, pour lequel Oreste écrit des discours avec son cousin, que l’on sent bien proche du besoin de révélation de la belle Electre.


Le décor est d'une sobriété salutaire, mettant en avant les enjeux, les personnalités, le jeu des comédiens qui irradient littéralement cette histoire et en même temps la font chair et vérité avec et au-delà du verbe. Les quelques objets qui servent la scénographie ont trait à la communication et l’éclairage, autour d’un dispositif de salle d’attente nomade.


Un autre gros atout du spectacle, c’est sa distribution. Oreste et Electre, héros de cette machine infernale en marche, frère et sœur le plus souvent en communication par téléphones interposés, sont incarnés par deux comédiens lumineux et ombrageux à la fois. Electre est servie par l'énergie revendicatrice et habitée par la vengeance de Maou Tulissi , dont le visage pré raphaélique contraste avec la brutalité incandescente du personnage, et à laquelle s’oppose le jeu à la fois sobre et habité de Mathieu Le Goaster qui joue un Oreste  torturé et fidèle à sa sœur sans parvenir tout à fait à hair une mère imparfaite. Un Oreste qui est aussi le maître du jeu car il est le maitre des mots. Sensible dans l’intimité de la famille, presque cynique en situation de travail auprès d’un ministre burlesque, il est le fil de l’histoire et le bras vengeur, l’artisan du dernier événement, que je ne veux pas dévoiler ici.

Cette mère, Clytemnestre, est jouée par Cindy Spath, qui donne à la figure mythique de la mère indigne une épaisseur complexe, sensuelle et troublante, presque aimable. Faut-il la condamner? S’est-elle condamnée elle même? Bien que la pièce nous apprenne rapidement sa maladie puis son coma, lorsque son fantôme revient plaider sa cause auprès d’Oreste et d’Electre, l’incarnation de la comédienne nous met dans un nécessaire inconfort, car là encore c’est bien de langage qu’il s’agit. Jusqu’où peut-on aller, jusqu’où est-elle allée? A-t-elle joué, vraiment, un rôle dans le suicide de son époux? Avoir un amant est-il vraiment une vilenie méritant punition?


Les autres personnages sont interprétés par deux comédiens véritablement déjantés: Emmanuel Gaury  incarne en effet, tour à tour, dans un vent de folie, Egisthe (amant de Clytemnestre, coupable présumé de la mort du père- Agamemnon, toujours- le Ministre dont Oreste conduit la communication, le médecin qui annonce les mauvaises nouvelles de la santé de Clytemnestre à l'hôpital (les mots, toujours les mots), le prêtre de l’hôpital ….


De même pour le comédien Paul Martin, qui joue le tendre Pilade, cousin de la famille fort proche d’Electre, plaidant pour une parole plus vraie auprès d’Oreste quand il s’agit de repenser les discours du ministre, notamment au sujet du glyphosate (et oui!). Ce n’est pas son seul talent, mais puis-je dévoiler qu’une des scènes les plus folles lui revient, et qu’il pousse ma foi plutôt bien la chansonnette? Tour à tour psychologue lacanien, barman cosmique, porteur de  lumière, attaché parlementaire?… Il est époustouflant.


Bref, cette pièce est un véritable coup de cœur, que vous devez absolument venir voir cet été au théâtre de l’Oriflamme! 



Tous les jours à 16h45 (relâche les mardis)

Théâtre des Gémeaux


Texte et mise en scène Sébastien Bizeau

Avec Cindy Spath, Maou Tulissi, Paul Martin, Emmanuel Gaury, Matthieu Le Goaster,

Lumières et vidéo: Thomas Nimsgern

Costumes : Claire Bigot

Attachée de presse : Dominique Lhotte


Crédit photo : Cie Hors du temps



samedi 6 janvier 2024

Denali , la tragédie

                                                        denali théâtre chronique Théâtrogène Adeline Avril


L'histoire : à Anchorage, de jeunes américains ont assassiné une des leurs pour de l'argent. Le fait est réel, il est encore en cours d'instruction. Qui est coupable, comment cela s'est-il passé, comment, pourquoi ?

Lorsque j'ai vu Denali l'hiver dernier en sortie de résidence à la Factory-théatre de l'Oulle, il m'est apparu évident que je venais de voir quelque chose qui comptait. Quelque chose, oui, je ne peux simplement dire "un spectacle", de cette pièce parce que parfois, l'art vous permet d'expérimenter une distorsion qui dissout les frontières entre les catégories, vous mettez un certain temps à oser catégoriser l'oeuvre. C'est le cas pour Dénali, qui n'est pas une simple "série Netflix" jouée sur scène.

Je ne savais pas alors que je ne serais pas la seule, loin de là, à mettre Denali-la pièce de théâtre, très haut dans mes émotions théâtrales de la saison. J'ai vu beaucoup de pièces - et des très bonnes - et pourtant à ce jour, si l'on me questionne sur celle qui m'a le plus marquée, je réponds sans hésiter "Denali".

Cette réponse n'est pas intellectuelle, et pourtant cette oeuvre originale résiste très bien à l'explication intellectuelle. Le dispositif scénique est non seulement original, nouveau, réfléchi et extrêmement bien pensé et exécuté, mais en plus il amène une contrainte technique supérieure qui a pesé sur les comédiens, la mise en scène, et  contribue à libérer le spectateur de tout effort quant à la suspension de crédibilité, ce fameux pacte qui lie les artistes aux spectateurs. Nous sommes peut-être hypnotisés comme si nous étions en train de binger les épisodes d'un très bon thriller sur un écran et pourtant, c'est en mentaliste des arts vivants que le metteur en scène nous maintient au théâtre, attirant notre attention tantôt côté cour, tantôt côté jardin, selon que les décors changent, les situations aussi. La virtuosité réside en partie dans la discrétion du dispositif.

L'on a beaucoup parlé d'une pièce qui théâtralise les codes du thriller à l'américaine et particulièrement des séries telles que Fargo, qu'affectionne Nicolas Le Bricquir. C'est vrai, mais on l'a tellement dit que je vais me concentrer sur autre chose. En venant voir cette pièce, vous vivez certes une expérience de narration addictive comme un très bon thriller mis en épisodes, mais ne vous y trompez pas, c'est bien de théâtre contemporain qu'il s'agit. Un théâtre qui amène la tragédie contemporaine à un niveau qui nous est de nouveau accessible, sans le truchement de vers shakespeariens. Car Nicolas Le Bricquir aime certes Fargo ou True Story, mais il ne dédaigne par pour autant jouer ou monter Electre, Antigone, ou du Shakespeare. Et cela se voit et se sent quand on prête bien attention aux enjeux qui se révèlent, aux dilemmes et aux alliances qui se nouent au fil de la progression narrative.

En effet, la pièce écrite par Nicolas le Bricquir est inspiré d'un fait divers réel dont le procès est encore en cours, pour autant, ce n'est pas du Ken Loach sur les planches ou du théâtre documentaire. L'idée du tragique, de la survenue du tragique ne s'embarrasse pas de métaphores. On est ici et maintenant, Denali a tué, dans un petit bled d'Alaska où elle s'ennuyait à mourir. Denali rêvait, pas seulement d'une vie meilleure, non, elle rêvait d'une vie waouh !, comme celle des héros de télé-réalité, celle qu'elle croit voir sur certains réseaux sociaux, comme celle que vivent les stars ! Elle s'auto-hypnotise avec des chansons qui prônent la force, la cruauté, le crime, la vie facile, l'argent pour tout horizon. Une forme de no future hyper libéral dans un contexte esthétique hyperpop propre à la génération née dans l'enfer digital des injonction marchandes , "l'hubris pour tous" des stars d'un quart d'heure. Be rich and famous or die ! No matter how ! By all means ! Hustle ! 

Denali n'est pas le mal mais il semble que sous l'influence d'une égrégore médiatique elle va devoir l'incarner dans la pièce.

Vous pouvez vous renseigner sur ce fait divers, cette tragédie de notre époque, mais je ne vous le conseille pas, et quant à moi je ne veux pas déflorer l'intrigue. No spoiler alert here ! Faites le ensuite !

Le plus fou reste que celle qui se cache derrière cette héroïne fatale a réussi son coup : à l'autre bout du monde, elle est devenue l'héroïne d'une pièce de théâtre. Il semble que le fatum, axe de toutes les tragédies soit encore à l'oeuvre dans cette pièce. Quid du libre arbitre ? Qui manipule, qui est manipulé ?

Reste que dans cette tragédie ce n'est pas celle d'une reine ou un roi qui a des dilemmes, ce n'est pas une tête couronnée qui va ourdir un complot pour atteindre ses objectifs, mais des jeunes gens, quasi des enfants, des enfants comme les vôtres, écoutant la même musique, regardant peut-être les mêmes émissions, suivant les mêmes comptes de stars sur les réseaux sociaux.

Denali est admirable et perturbant. La pièce ne dénonce pas, elle questionne et c'est là qu'elle devient redoutable. Construite à la fois comme une enquête et comme une recherche de la vérité, autant que comme une quête de sens : comment "la chose" a-t-elle pu arriver?" , la forme du thriller théâtral nourrit la réflexion autant que l'histoire, et la quête nourrit notre fascination, la même faim de comprendre que nous partageons avec les enquêteurs.

Le dispositif scénique est judicieux. La scène est séparée en deux. L'espace des fragments du réel, de ses traces, à travers des scènes rejouées, les événements tels qu'ils sont racontés, assumés ou non, mais aussi des extraits de conversations par texto, des bribes de films vidéos, des morceaux aussi de l'environnement culturel (pop) des protagonistes...L'espace de l'enquête, des interrogatoires, avec des comédiens qui parviennent à exprimer une réalité de façon très vraie, loin des standards du théâtre (parler fort…) et pourtant clinique comme un huis clos étouffant. On y suit aussi les moment où les "coupables" se rassemblent dans l'appartement d'un personnage, vivant une vie dans laquelle on les voit davantage concernés par les moyens de s'en sortir et de ne pas aller en prison que par la cruauté de leur plan.



Est-ce le procès d'une époque faite d'infobésité, de surmédiatisation, du culte de l'argent porté à son paroxysme ? De l'ennui ressenti par des populations rurales reléguées, peu éduquées, qui ne se nourrissent plus que de fiction et ont perdu le sens de l'empathie ?

C'est une tragédie comme Antigone, Electre, Hamlet, ou le Cid même si l'héroïne de la pièce éponyme n'est peut-être pas aussi sympathique que certains personnages des tragédies connues. Elle n'a pas non plus la vie de ses prédécesseurs ni le luxe de la révolte et c'est aussi cet aspect là de l'histoire qui en fait la richesse. Coupable de crime oui, mais à qui profite le crime? Quelle est la voix sordide qui l'a amenée là ? Quel pacte faustien s'est noué sans qu'elle s'en aperçoive ?

Les voix et textes de stars internationales jouent ici le rôle de sorcières, de démons, inversant le principe de la symbolisation qu'on aime d'habitude à éplucher, étudier, élucider. 

Ainsi le thriller populaire se voit revigoré, de même que la tragédie classique. Les choses sont dites comme elles sont, les faits sont nus comme leurs personnages, on va à l'os et l'on se sent tous concernés. Le fait social n'est pas romantisé ou utilisé pour un combat. 

Je pourrais en parler davantage tant j'ai aimé ce spectacle, mais ce serait contre-productif car mon conseil tient en trois mots : allez voir Denali ! Et suivez de près Nicolas le Bricquir et son équipe, les acteurs, les compositeurs, les techniciens. Je pense que nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ce jeune dramaturge, comédien et metteur en scène qui est, sachez le, un  travailleur acharné ! 


Vous pouvez aussi retrouver, sur Raje, en podcast, les deux interviews qu'il nous a données. La première, notamment, au sortir de sa résidence, au micro de Pierre Avril.

Quant à moi, j'ai eu le bonheur de l'interroger récemment sur la place de la musique dans ses créations et aussi (suspens...) sur ses projets à venir.

Remerciements à Nicolas Le Bricquir et à Lynda Mihoub, attachée de presse et agent artistique, ainsi qu'à Laurent Rochut, de la factory théâtre de l'Oulle, dénicheur de pépites grâce à qui nous avons découvert Denali.

Teaser de Dénali

Emission Le Son Des Planches avec Nicolas Le Bricquir (disponible dès le second jeudi de janvier )

Crédit photo : la factory, studio théâtre Marigny, Agence LM

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