Affichage des articles dont le libellé est comédie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est comédie. Afficher tous les articles

mercredi 24 juillet 2024

Mephisto Valse/Plus qu'un exercice de style "pour rire" : le 21ème siècle en alexandrins

 Méphisto

Vu au théâtre de l'étincelle



La délicieuse surprise où l'histoire du talent des voisins....

Je ne vous mentirai pas : les vers, je les aime grillés, avalés, mis en veilleuse à quelques exceptions près : quand ils se moquent et ne me regardent pas de haut ! Quand ils sont légers, si légers qu'on oublie qu'ils sont des vers !

Oui, quand ils se rapprochent de l'écriture à contrainte. Il en va pour moi des alexandrins comme de la lettre e, de l'OULIPO, des calligrammes. 

En ce sens, à mes oreilles les alexandrins se prêtent bien à la comédie et la plupart des exercices de style percussifs aussi.

Qu'on les utilise pour écrire une farce dite contemporaine, c'est à dire sans costumes et sans références littéraires poussives avait de quoi m'intéresser.

La farce en soi est un exercice que je tiens pour terriblement difficile et je me suis retrouvée à l'Etincelle avec mon billet pour les alexandrins seulement, ne m'attendant pas à ce que cette compagnie pousse la gourmandise jusqu'à respecter la forme même de la farce. La troisième surprise fut pour moi d'apprendre que la compagnie est sise à Morières, autant dire que ce sont des voisins. Je n'ai jamais douté que des talents fourmillent dans la garigues malgré le fort soleil censé nous gâcher les neurones et nous réduire à de grosses langastes alcoolisées fières de leurs barbecue, il y a toujours eu des esprit fins et espiègles sur cette terre où la mare nostrum étend sa main griffue. Mais souvent ils se cachent.

Or voilà que je découvre un nid de dinguerie inspiré par la Mephisto Waltz de Lizt, un ouvrage ma foi fort bien tourné, interprété, dirigé ! 

Tout commence avec cet écrivain qui veut écrire une pièce contemporaine, mais en alexandrin. Mariés à sa metteuse en scène, les voilà discutant sur l'éternel canapée cher aux comédies de genre.....Voilà qu'un type fort curieusement habillé, mi toro mi torero clinquant apparaît dans leur dos.... Eméché , le couple pense tout de suite à une farce et se paie sa tête....Concours de vannes ....en alexandrins, s'il vous plaît !

Voilà lancé l'improbable objet théâtral qui va vous mené par le bout de l'oreille. Peut-être aurrez vous remarqué que sur la droite de la scène, il y a un lit. Elément importantissime où bien des tours de magie noire vont se jouer.

Je regrette d'avoir vu cette  excentricité merveilleuse en fin de festival seulement car j'aurais su y pousser mon entourage et même davantage. 

Donc sachez-le, avec un peu d'humour et sans aucun complexe, l'alexandrin coule dans les oreilles comme le bon champagne dans mon gosier de bon vivant et la compagnie se charge de vous faire valser d'un acte à l'autre avec une irrévérence élégante.

Tout de même, il fallait oser !

Il y a une véritable histoire, un enchevêtrement d'imbroglios que le talent de l'auteur rend probables puisqu'il nous a emmené sans effort sur la barque de la suspension de crédibilité. C'est un plaisir coupable que de se régaler d'une farce inutilement rédigée dans le labeur précieux de l'alexandrin et cela ajoute à la fête. Car tout ceci n'est qu'une ode au plaisir pur.

De quiproquos en gymnastique anachronique et autres contrepèteries de bon aloi, emmené par ces dialogues d'une fluidité qui laisse aux acteurs toute la latitude de jouer comme des petits fous, on termine chaque acte sur un improbable twist qui nous asseoiffe, nous qui courons pourtant d'un mauvais siège à l'autre entre deux pac à l'eau ou deux embrassades gluantes.

Et pourtant....Je l'avoue, la simple idée d'associer systématiquement Méphisto ou le mal à une harmonie de rouge et de noir me donne de l'urticaire et c'est dans la part "costume" que j'aurais pu lâcher la rampe malgré l'humour et le 3ème degré de la mesure. Mais j'étais ferrée et je me suis laissée faire, par les inconscients dindons de la farce autant que par Mephisto lui-même et sa supérieure, Death, qui s'inquiète du goût soudain que son employé se découvre pour les humains. Par le truchement du métamorphe voilà que l'enfer s'attache à notre pauvre espèce après avoir goûté le meilleur de la condition humaine.

Je ne vais pas m'avancer plus. Cette pièce a de beaux jours devant elle et serait un bel exercice, en plus, pour de jeunes comédiens.

Souhaitons à cette compagnie talentueuse et trop modeste le succès qu'elle mérite.

Adeline AVRIL


 Description :

Arthaly Cie est une compagnie théâtrale vauclusienne professionnelle située à Morières-lès-Avignon, fondée en 2014.
Surprendre, émouvoir, interroger, imaginer…
Ses travaux ont été orientés jusqu’à présent vers des textes contemporains.
Quatre créations ont vu le jour depuis l'origine dont les trois premières mises en scène par François Brett :
A Montmartre cette année-là, comédie musicale pour onze comédiens, texte et livret écrits par François Brett sur des musiques originales d'Eric Breton ;
Jeux de scène, pièce de Victor Haïm pour deux comédiennes (Molière de l’auteur en 2003) ;
Lettre à Monsieur le futur président de la République-conte de Noël, de Gérard Gélas, théâtre citoyen : texte est interprété par Franck Etenna ;

Méphisto valse, comédie baroque contemporaine en alexandrins de François Brett (deux comédiennes et deux comédiens), mise en scène par Geneviève Brett.

samedi 6 juillet 2024

Madame Bovary en plus court et plus drôle

 Madame Bovary en plus court et plus drôle





Qui aime bien châtie bien !

J'ai eu la chance d'interviewer Camille et Marion, les heureuses mamans de ce petit joyau d'irrévérence et d'amour pour la littérature ! J'ai ainsi découvert deux passionnées avides de partager à travers l'humour et l'anachronisme élevé au rang des beaux arts, ce classique de la littérature qui a traumatisé tant de lycéens et de lycéennes. Elles en font d'ailleurs partie !

Mais voilà, quand on relit ce chef d'oeuvre, plus tard, notamment à l'aune de la condition des femmes, on y trouve des trésors, surtout lorsqu'on est capable de s'en moquer !

Ainsi, Camille et Marion, comédiennes extraordinaires d'expressivité, de drôlerie et d'inventivité, se sont attelées à écrire cette pièce qui est un cadeau pour tous, au final : les flaubertiens, les anti-flaubertiens, les lecteurs, les non lecteurs, les bovaristes, les filles, les garçons et les autres ! Même ceux qui "ont préféré le film". Et il faut bien avouer qu'après avoir ri à s'en faire mal au ventre, on est ainsi récompensé.e.s de notre impudence par le fait d'en sortir moins con que lorsqu'on est rentré.e.s !

Car en plus de la vision propre au pastiche quand il est bien fait comme c'est le cas ici, on bénéficie de la singularité de ce regard croisé des deux comédiennes dont on devine que leurs synapses fonctionnent à vitesse grand V. Leurs jeux et leurs personnalités se complètent de façon incroyable et quand l'une représente Emma, l'autre le mari ou l'amant, on dirait de l'improvisation !

Pourtant c'est une pièce écrite et très bien écrite, documentée, d'où mon admiration sans borne.

C'est une pièce à savourer en groupe ou en solitaire, en famille aussi, en tous cas je la recommande dès l'âge du collège et du lycée !

A vos risques et périls toutefois : l'exemplaire poussiéreux de Madame Bovary que vous aviez oublié dans un coin de votre bibliothèque pourrait bien devenir soudain follement sexy et attirant pour plusieurs membres de votre famille !

Adeline Avril

Au théâtre des Célestins

Dates : du 3 au 21 juillet pas de relâche
Horaires : 11h30
Durée : 1h15
Lieu : Théâtre des Corps Saints
Genre : Classique révision duo humour
Distribution : de et avec Camille Broquet et Marion Pouvreau mes Decesari

lundi 10 juin 2024

Triangulaire ou La maîtresse imaginaire, de Yamina Hadjaoui par Adeline Avril

 



Triangulaire , comédie écrite et mise en scène par Yamina Hadjaoui 

Vu au théâtre de la Tache D'Encre à Avignon


Voilà le couple de Tiphaine et Mathieu arrivé à la cinquantaine : les enfants n’ont plus besoin d’eux, le nid est vide, et ce qu’ils ont été ces dernières années , ce qu’ils sont devenus ne leur permet plus de fonctionner dans un monde qui a changé. Un monde dans lequel ils se sentent dépassés, obsolètes. 


L’une a des bouffées de chaleur et quelques sautes d’humeur quand l’un se sent mal aimé, éternel second rôle. Comment redevenir amants après avoir été essentiellement parents ?

Deux, est-ce assez pour retrouver le goût de vivre et de participer au monde, pour se configurer de manière à aimer et désirer ?


Ce fameux troisième "côté" qui manque désormais, par qui ou quoi peut-il être remplacé, ou représenter, de façon à retrouver un équilibre ?

C’est à partir de ce questionnement que l’auteure, fascinée par le couple en tant que sujet théâtral, à bâti une comédie autour du sujet de la cinquantaine, ce moment de crise riche en situations humoristiques et questionnements existentiels.


Bien sûr, Tiphaine et Mathieu vont tâtonner et incidemment trouver un troisième angle susceptible de les revigorer… Mais comment vont-ils s’y prendre, jusqu’où vont-ils aller ?


Une pièce avec canapé dont la scénographie soignée exalte le décalage , ce qui en fait autre chose qu'un marivaudage.

Le décors noir et blanc permet de suivre les personnages sans être encombré par un souci lié aux "accessoires" et plonge les personnages dans un univers simple et élégant qui nous signale immédiatement en entrant l'universalité des propos.

Dans cette mise en scène au service du texte et des comédiens, on suit non seulement l'état d'esprit des personnages, que leurs mots articulés contredisent, mais on plonge aussi dans leur chaos personnel.
Et bien sûr, il y a le soupçon, les égarements, le suspense !

Une comédie bien menée, vraiment drôle. Sans prétention affichée, elle surprend par sa profondeur et une vision juste de la condition humaine vécue à deux et pourtant toujours solitaire.

Une belle surprise pour cette création "spécial off".

Il est à noter que cette année, l'autrice et metteuse en scène Yamina Hadjaoui présente aussi une spectacle pour jeune public au théatre du Rouge Gorge ! Un nom à retenir !



Au théâtre de la tache d'encre, 1 rue de la Tarasque
1h 10
Ecriture et Mise en Scène : Yamina Hadjaoui
Avec Marie-Ange Gil et Julien Joerger
Scénographie et décors: Igor Fernandez
Costumes: Marie-Ange Gil
Tous les jours à 20h
Relâche le 9 et le 18
Réservations : Tel: +33 (0)4 90 85 97 13







Mephisto Valse/Plus qu'un exercice de style "pour rire" : le 21ème siècle en alexandrins

 Méphisto Vu au théâtre de l'étincelle La délicieuse surprise où l'histoire du talent des voisins.... Je ne vous mentirai pas : les ...