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vendredi 4 juillet 2025

Pourquoi les gens qui sèment : comment s'aimer quand la planète brûle ?

Comment s'aimer quand la planète brûle ? 

Combattre les mêmes maux avec des armes différentes engage une somme de dilemmes qui s'incarne dans les différents personnages de la pièce et atteint son acmé dans le couple formé par une militante portée sur l'action directe et un préfet qui a choisi la politique et le droit.


La pièce embrasse magistralement le thème épineux de la défense de l'environnement à travers le cas très réel des événements de Sainte Soline et des méga bassines. 

De par sa formation, Sébastien Bizeau maîtrise les éléments de langage de Sciences Po autant que l'art théatral et à travers le personnage du jeune préfet joué par Paul Martin, il joue de l'affrontement entre le cœur militant du jeune homme et sa posture de serviteur de l'état. Son histoire d'amour avec la passionaria de ce qui pourrait être une version théâtrale du mouvement de la terre représente le point de rupture voire de ralentissement de l'action éclairée. Qui a raison qui a tort, à nous d'en décider. La militance est-elle excessive ou lanceuse d'alerte ? Le préfet et l'état sont-ils trop froidement pragmatiques et lents pour sauver la planète ?

Dans cette pièce qui va à cent à l'heure et ne s'épargne aucune difficulté, les quatre comédien.ne.s sont extraordinaires et la mise en scène quasiment filmique nous entraîne dans l'action et la philosophie nous mettant dans l'état d'urgence  exigé par le sujet lui-même : la terre est en feu, faut-il attendre un décret qui n'arrivera jamais ou avoir le courage de se mettre hors la loi et foncer dans le tas ? La réponse, non manichéenne est une pilule amère pour la relation amoureuse des protagonistes. Néanmoins, elle amène mieux que jamais la question de l'engagement face au désastre climatique comme personne ne l'avait montré auparavant. Le combat n'est pas seulement romantique, c'est comme dans la tragédie antique, une question de vie ou de mort, et de fidélité à soi même et à ses valeurs.

D'ailleurs, comme à son habitude, l'auteur convoque des figures de la tragédie antique même s'il ne les habille jamais de toges, même si les personnages sont résolument contemporains. Cette multiplicité de références qui prennent vie sous nos yeux amplifie le propos politique et nous donnent à entrer de plein pied dans un thriller écologique haletant dont le fil rouge sentimental , littéraire, ajoute à la sensation d'immersion.

La mise en scène va droit au but créant une fièvre et un état d'urgence qui reflète le traitement des actualités tel qu'il est fait à notre époque, opposant le temps politique, ses engrenages, au temps de l'action.

La réalité des événement montrés en grand par des procédés vidéo achève de convaincre.

Je ne peux que recommander cette nouvelle œuvre de la compagnie hors du temps, qui montre que si nous avons déjà été ébloui par "Heureux les orphelins", nous commençons en réalité à peine à découvrir tout ce que cette compagnie recèle de trésor et d'inventivité.

La partie masculine de la distribution achève de nous convaincre et les deux comédiennes, très différentes et pourtant également convaincantes sont de magnifiques révélations dans les rôle qu'elles servent. Notamment, il est intéressant de constater qu'aux deux extrême de la pièce, ce sont les comédiennes qui portent les moments les plus "brûlant" la tragédie pour Gwenaelle Couzigou et la comédie pour Nastassia Silve (attention, risques de fous-rires).

La partie chantée, plus ténue que dans la pièce précédente, est, elle, essentiellement assurée par Paul Martin et Mathieu Le Goaster. Je vous laisse tirer les conclusions d'une façon d'appréhender le monde qui sort de l'ornière les écueils du genre sans tomber dans la caricature. Ici la force y compris la force brute est le fait des personnages féminins.

Je ne vous dévoilerai pas tous les ressorts, toutes les astuces du texte, du jeu ou  de la scénographie. C'est pour votre bien, car les retournements sont fins et nombreux, laissez-vous surprendre et n'hésitez pas à amener vos ados (à partir de 12 ans) et vos aîné.e.s.

Bref, allez voir cette pièce haletante, riche et intelligente autant que sensible.

Adeline AVRIL

Intervieweuse/chroniqueuse théâtre sur Raje (radio FM et Dab+)

Créatrice et animatrice de l'émission "le son des planches"


du 5 au 26 juillet  (relâche les 8, 15, 22 juillet)
 horaire : 12h40  
Durée1h20

 Lieu : Salle Tomasi//LA FACTORY


Un spectacle qui interroge la place de la conscience dans les choix individuels, et appelle à revitaliser l’engagement citoyen.

Texte et mise en scène Sébastien Bizeau

Avec Gwenaëlle Couzigou, Matthieu Le Goaster, Paul Martin et Nastassia Silve

Et avec la participation de Clément Pellerin et Margaux Wicart

Lumières Thomas Ruault

Décors Raphaël Guinamard

Costumes Claire Bigot

Création sonore Iris Lainé

Création vidéo Pierre Monchy

Illustration Pénélope Belzeaux

Coproduction Compagnie Hors du temps, Chasselaube Prod et Sésam’ Prod

 

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