vendredi 18 juillet 2025

Réponse sexuelle, coup au cœur/coup de cœur - Festival Off Avignon 2025

Réponse Sexuelle

Au Figuier Pourpre à 16H30

Relâche les 10, 17 et 24 juillet

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Un théâtre de femme savante qui tord le coup aux attentes. 

Marine Fabre, autrice surdouée aurait pu choisir pour sa pièce de nous engluer dans un surplomb vexant, nous noyer dans des démonstrations embarrassantes. Mais précisément parce qu'à 25 ans à peine elle nous présente ici la pièce la plus "écrite" d'un théâtre contemporain émergeant à Avignon, elle tord le cou aux attentes que nous pourrions avoir. Poète, philosophe et psychanalyste de formation, l'écriture n'est pas son hobby mais plutôt sa nature.

Elle a déjà le recul nécessaire pour se livrer à l'un des exercices les plus casse-gueules du théâtre : la comédie satyrique. Et c'est ainsi que malgré les prérequis en filigrane, tout un chacun peut se laisser aller, dans certaines scènes, à rire à gorge déployée tout en entendant parfaitement le propos politique porté par le thème principal.

Son interprète, seule en scène avec divers personnages au bout du fil de son très symbolique téléphone rouge, nous réjouis avec sa fausse innocence.

L'héroïne elle-même est un cliché d'autrice ambitieuse et torturée. Elle vient de proposer à son éditrice un roman dont le héros, comme par hasard, se nomme Julien, mais l'éditrice, une parodie de parodie, probablement persuadée d'être elle même une sorte de Virginia Woolf, avec sa maison d'édition financée par son époux, se pique d'analyses plus ou moins blessantes et pousse notre héroïne dans ses retranchements. Emprise ou influence consentie, on ne saurait le dire, quoi qu'il en soit, elle semble se plier peu à peu aux critiques douteuses et caricaturales de son éditrice.


De nombreuses références littéraires peuvent amener à conseiller la pièce à un public d'initiés. Féministe. Bien sûr il est question de genre, bien sûr la langue est ouvragée, néanmoins il serait cuistre et bien dommage de ne pas recommander à tous cette pièce iconoclaste qui me semble contenir beaucoup d'autodérision salutaire.

On la comparera à de jeunes autrices au destin tragique et pourtant si je dois vraiment comparer la pièce et ses audaces, y compris le risque pris d'être mal interprété, c'est à un succès international que j'ai tendance à la comparer : Art, de Yasmina Reza. Art, fausse moquerie des amateurs d'art contemporain et véritable tour de force littéraire.

La scénographie judicieuse participe d'une esthétique chic et drôle à la fois puisque tout tourne autour d'une...baignoire ! Mais aussi du fameux téléphone rouge, ainsi que d'un col fraise assez formidable.

Le choix des morceaux de musique allié à la présence magnétique et décalée de la comédienne donnent parfois le frisson.

Pour conclure, je confesse un grand coup de cœur pour cette pièce, cette compagnie, cette autrice et cette comédienne et je pense que nous ne sommes pas au bout de nos surprises en suivant cette compagnie qui propose un théâtre contemporain hybride et inédit qui ouvre l'esprit, l'alimente et le réjouit.

Adeline AVRIL


vendredi 4 juillet 2025

Pourquoi les gens qui sèment : comment s'aimer quand la planète brûle ?

Comment s'aimer quand la planète brûle ? 

Combattre les mêmes maux avec des armes différentes engage une somme de dilemmes qui s'incarne dans les différents personnages de la pièce et atteint son acmé dans le couple formé par une militante portée sur l'action directe et un préfet qui a choisi la politique et le droit.


La pièce embrasse magistralement le thème épineux de la défense de l'environnement à travers le cas très réel des événements de Sainte Soline et des méga bassines. 

De par sa formation, Sébastien Bizeau maîtrise les éléments de langage de Sciences Po autant que l'art théatral et à travers le personnage du jeune préfet joué par Paul Martin, il joue de l'affrontement entre le cœur militant du jeune homme et sa posture de serviteur de l'état. Son histoire d'amour avec la passionaria de ce qui pourrait être une version théâtrale du mouvement de la terre représente le point de rupture voire de ralentissement de l'action éclairée. Qui a raison qui a tort, à nous d'en décider. La militance est-elle excessive ou lanceuse d'alerte ? Le préfet et l'état sont-ils trop froidement pragmatiques et lents pour sauver la planète ?

Dans cette pièce qui va à cent à l'heure et ne s'épargne aucune difficulté, les quatre comédien.ne.s sont extraordinaires et la mise en scène quasiment filmique nous entraîne dans l'action et la philosophie nous mettant dans l'état d'urgence  exigé par le sujet lui-même : la terre est en feu, faut-il attendre un décret qui n'arrivera jamais ou avoir le courage de se mettre hors la loi et foncer dans le tas ? La réponse, non manichéenne est une pilule amère pour la relation amoureuse des protagonistes. Néanmoins, elle amène mieux que jamais la question de l'engagement face au désastre climatique comme personne ne l'avait montré auparavant. Le combat n'est pas seulement romantique, c'est comme dans la tragédie antique, une question de vie ou de mort, et de fidélité à soi même et à ses valeurs.

D'ailleurs, comme à son habitude, l'auteur convoque des figures de la tragédie antique même s'il ne les habille jamais de toges, même si les personnages sont résolument contemporains. Cette multiplicité de références qui prennent vie sous nos yeux amplifie le propos politique et nous donnent à entrer de plein pied dans un thriller écologique haletant dont le fil rouge sentimental , littéraire, ajoute à la sensation d'immersion.

La mise en scène va droit au but créant une fièvre et un état d'urgence qui reflète le traitement des actualités tel qu'il est fait à notre époque, opposant le temps politique, ses engrenages, au temps de l'action.

La réalité des événement montrés en grand par des procédés vidéo achève de convaincre.

Je ne peux que recommander cette nouvelle œuvre de la compagnie hors du temps, qui montre que si nous avons déjà été ébloui par "Heureux les orphelins", nous commençons en réalité à peine à découvrir tout ce que cette compagnie recèle de trésor et d'inventivité.

La partie masculine de la distribution achève de nous convaincre et les deux comédiennes, très différentes et pourtant également convaincantes sont de magnifiques révélations dans les rôle qu'elles servent. Notamment, il est intéressant de constater qu'aux deux extrême de la pièce, ce sont les comédiennes qui portent les moments les plus "brûlant" la tragédie pour Gwenaelle Couzigou et la comédie pour Nastassia Silve (attention, risques de fous-rires).

La partie chantée, plus ténue que dans la pièce précédente, est, elle, essentiellement assurée par Paul Martin et Mathieu Le Goaster. Je vous laisse tirer les conclusions d'une façon d'appréhender le monde qui sort de l'ornière les écueils du genre sans tomber dans la caricature. Ici la force y compris la force brute est le fait des personnages féminins.

Je ne vous dévoilerai pas tous les ressorts, toutes les astuces du texte, du jeu ou  de la scénographie. C'est pour votre bien, car les retournements sont fins et nombreux, laissez-vous surprendre et n'hésitez pas à amener vos ados (à partir de 12 ans) et vos aîné.e.s.

Bref, allez voir cette pièce haletante, riche et intelligente autant que sensible.

Adeline AVRIL

Intervieweuse/chroniqueuse théâtre sur Raje (radio FM et Dab+)

Créatrice et animatrice de l'émission "le son des planches"


du 5 au 26 juillet  (relâche les 8, 15, 22 juillet)
 horaire : 12h40  
Durée1h20

 Lieu : Salle Tomasi//LA FACTORY


Un spectacle qui interroge la place de la conscience dans les choix individuels, et appelle à revitaliser l’engagement citoyen.

Texte et mise en scène Sébastien Bizeau

Avec Gwenaëlle Couzigou, Matthieu Le Goaster, Paul Martin et Nastassia Silve

Et avec la participation de Clément Pellerin et Margaux Wicart

Lumières Thomas Ruault

Décors Raphaël Guinamard

Costumes Claire Bigot

Création sonore Iris Lainé

Création vidéo Pierre Monchy

Illustration Pénélope Belzeaux

Coproduction Compagnie Hors du temps, Chasselaube Prod et Sésam’ Prod

 

lundi 16 juin 2025

SHAKOUL, une cérémonie pour guérir de la perte

 Il n'y a pas de mot pour dire "parent ayant perdu un enfant", c'est probablement indicible.

Un mot hébreux viendra ici raconter comment on maintient le lien entre les vivants et les morts, car telle la vigne privée de son fruit, le parent en deuil d'un enfant peut maintenir le lien et déchirer le voile qui sépare les vivants et les morts :

« Shakoul », en hébreu, désigne une branche de vigne privée de son fruit : la sève continue de circuler, mais elle n’a plus nulle part où aller. C’est cette sève, cette énergie vitale que SHAKOUL transmet au public avec une bouleversante humanité. Une pièce qui célèbre le pouvoir des mots et la persistance du lien au-delà de la perte.




Bien sûr, le thème de ce seul en scène est douloureux. Il nous rappelle des arrachements qu'on aurait voulu oublier. Il nous rappelle surtout que de la peine infinie on peut extraire de l'or, de la lumières.

La comédienne nous livre ici une performance extraordinaire, presque slamée, presque dansée. Ce texte elle l'a écrit à partir de nombreuse histoires de deuil *qu'on lui a confiées, d'autres qu'elle a vécues et cette histoire s'est incarnée, elle a pris un visage, un regard, un sourire, une bonté, elle est devenue Florimond.

Oui, ceci est l'histoire de Florimond, mort trop jeune, qui assiste au séisme, à la béance que sa disparition à laissé.

Les mots sont dits sans métaphore superflue et pourtant une infinie douceur, presqu'un début d'acceptation

nous pénètre au fur et à mesure que le destin accompagné des endeuillés et du mort voyage de la France au Japon.

Il y a du mystère au sens spirituel, dans cette œuvre, du mystère et de la beauté dans cette vérité existentielle. 

Un beau rappel des origines et du pouvoir de l'art , qui fait le lient entre le visible et l'invisible. La vie même, en somme.


De et avec Céline Pitault

Collaboration artistique : Benoîte Vandesmet, Florence Cabaret

Créateur lumière : Frédéric Fourny

Production : Les Airs Entendus (France et Suisse)

Communication: Céline Pitault celine.pitault@gmail.com / 
Presse : Lynda Mihoub Lynda@lagencelm.com / 
Diffusion : Luc CHAS lucchas@gmail.com


Lieu : 

 5 juillet 2025   >  26 juillet 2025   17h35   Théâtre contemporain   Tarif Plein : 20 € - Tarif Off : 14 € - Tarif réduit : 12 € - Tarif Enfant (- 16 ans) : 10 € - Tarif Groupe : 12 €   55 min   A partir de 12 ans 

pour réserver

jeudi 24 avril 2025

Il était un cœur / Théâtre / Festival Off 2025 / Seul en scène

IL ETAIT UN COEUR

Date : Du 5 au 26 juillet 2025 - relâche les mercredis

Horaire : 11h40
Lieu : Vieux Balancier


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Il était un cœur est un seul en scène qui s’adresse à un public familial, on pourrait même dire que c’est un spectacle particulièrement adapté au jeune public. Construit sur la structure du conte, le texte est incrusté de références contemporaines et ponctué d’intermèdes musicaux. Le conte, c’est d’ailleurs la spécialité de Joris Carré, artiste trentenaire, qui est tombé amoureux de ce format millénaire au point de créer désormais des stages pour apprendre à tout un chacun à utiliser cet exercice à la fois littéraire et oral pour parler de soi.


Dans ce spectacle, vous verrez et écouterez donc un troubadour un brin décalé et anachronique, tout tendre et mutin, vous raconter l’histoire d’un jeune homme qui avait un gros cœur qui faisait un tel bruit dès qu’il était soumis à une forte émotion, qu’il rendait absolument tout le reste inaudible. De nombreuses péripéties, burlesques et fantaisistes vous conduirons dans la douceur et le sourire à méditer sur votre propre émotion.


En partant de sa propre histoire, Joris Carré amène le public vers un divertissement universel qui permet de nombreuses approches post-spectacle. L’humour, un brin clownesque, joue des décalages avec des silences eux-mêmes étonnants. Les intermèdes musicaux sont minimalistes quant aux accords, et c’est surtout la voix douce et veloutée du jeune artiste qui nous tient lieu de fil rouge. Un joli moment hors du temps à partager en famille !


AA



Durée : 55 minutes
Genre : Seul en scène tout public, théâtral et musical
Distribution : De et avec Joris Carré

Pour réserver :

samedi 1 mars 2025

Plus jamais Mozart

Une création de la Compagnie du Théâtre des Trois Hangars

Théâtre - Tout public à partir de 10 ans
Scolaires
 : CM2 • collège • lycée 







Plus jamais Mozart est inspiré d'un roman jeunesse du célèbre romancier de langue anglaise Sir Richard Morpurgo.
Celui-ci a en autre écrit le livre qui inspira Cheval de Guerre, le film de Spielberg.

A l'occasion de la célébration de la libération d'Auschwitz on comprend que les gens de théâtre s'attachent à créer des pièces à visée pédagogique à partir de nouvelles approches, ce afin de transmettre aux jeunes générations ce cauchemar historique mal cerné par certains.

Ici l'histoire se concentrera sur les survivants. Explicitant par là que survivre à l'horreur n'est pas sans conséquence et montrant que non, la musique n'adoucit pas toujours les mœurs.

L'histoire fonctionne comme un système de poupées russes, sur différents plans temporels. Durant toute sa carrière, un célèbre violoniste a refusé de jouer du Mozart et les journalistes qui l'interrogent sont toujours briefés en amont : surtout, ne pas évoquer la question Mozart.
Il faudra qu'une jeune intervieweuse mal préparée soit envoyée à Venise à la rencontre du Maestro pour la question Mozart soit abordée.
Ce n'est bien évidemment pas ici une histoire de musicologie, de technique, de mélomanie.

Le Maestro, devant nous et la journaliste, va convoquer son histoire personnelle et la promesse qu'il a faite à son père de ne jamais jouer du Mozart, parce que...

Secret de famille et drame historique se tricotent en une intrigue tout à fait adaptée à son public adolescent.

5 personnages sont joués par 4 acteurs et actrices dans un espace scénique simple qui permet de remonter dans le passé et de revenir à la fois à l'origine de la passion du Maestro pour le violon et de l'aversion de son père pour Mozart.
La distribution est parfaite, la mise en scène efficace.


Mise en scène et adaptation Jean-Louis Kamoun, assisté de Caroline Ruiz
D'après le livre de Sir Michael Morpurgo "The Mozart question", Editions Walker Books
Pour la version française Editions Gallimard Jeunesse
Interprètes :  Christine Gaya, Caroline Ruiz, Martin Kamoun et Christian Fromentin (violoniste)
Images, dessins, vidéo par Olivier Durand
Création lumière Eric Valentin

Partenaires :
L’Astronef – Marseille (13)
Théâtre Armand – Salon de Provence (13)
Théâtre de l’Eden – Senas (13)



Réponse sexuelle, coup au cœur/coup de cœur - Festival Off Avignon 2025

Réponse Sexuelle Au Figuier Pourpre à 16H30 Relâche les 10, 17 et 24 juillet Réserver Un théâtre de femme savante qui tord le coup aux atten...